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Aujourd’hui est un jour de deuil pour la démocratie en Espagne.

 

Ce dimanche 1er octobre 2017, nous voyons sur les chaînes infos le spectacle déplorable en Catalogne de militaires armés empêchant par la force un peuple pacifique de s’exprimer démocratiquement sur son sort. Un spectacle affligeant, révoltant digne de la période franquiste ! La voix d’un peuple qui veut s’exprimer ne peut pas être « anticonstitutionnelle », comme le prétend Madrid.

L’Espagne ne s’est pas conduit comme un pays démocratique. Citons en contre-exemple, la Grande Bretagne qui a autorisé un référendum sur l’indépendance de l’Ecosse ou le Canada sur celle du Québec - aucun de ces deux référendums n’a d’ailleurs abouti à l'indépendance -, ce sont là des modèles démocratiques !

Ce qui se passe à Barcelone est une honte pour toute l’Europe ! Bruxelles laisse faire et se tait lamentablement. Pire, en France le président Macron assure Rajoy, qui ne connait que la « diplomatie du panzer », de son soutien. Or, comment peut-on encore croire en l’Europe, si elle n’intervient pas dans ce type de situation où des droits fondamentaux sont foulés aux pieds dans un pays membre ?

A Barcelone, l’Europe a laissé enterrer ses valeurs, elle ne pourra donc plus s’en revendiquer à l’avenir.

Mais les Catalans sont déterminés. Plus que jamais, ils vont revendiquer le droit de s’autodéterminer, un droit reconnu par des instances internationales comme l’UNESCO ou l’ONU (Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme). Ainsi, l’article 1 du « Pacte international des Nations unies relatif aux droits civils et politiques des minorités religieuses, ethniques et linguistiques », énonce clairement dans son article premier « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à disposer librement de leurs richesses et de leurs ressources naturelles ».

 Un arrêt de la Cour internationale de La Haye (22.7.2010), de première importance dans l'affaire catalane, explique : "...aucune règle interdisant les déclarations unilatérales d'indépendance n'existe en droit international (…) lorsqu'il y a une contradiction entre la légalité constitutionnelle d'un état, et la volonté démocratique, cette seconde prévaut…" (1). Au regard de cet arrêt, l’argument avancé par Madrid de l’anti-constitutionnalité du référendum catalan tombe tout simplement !

Ce qui se passe en Catalogne marque bien le début de la fin des Etats-nations.

…Et chapeau aux Catalans, ils sont à présent plus déterminés que jamais !

 

Bernard Wittmann – Historien -1.10.2017

 

(1) A propos de la déclaration d‘indépendance du Kosovo : 

ARRÊT DU TRIBUNAL DE LA HAYE

La Cour internationale de justice de La Haye, principal organe judiciaire de l'organisation des Nations Unies, a établi à cet égard, par jugement du 22 juillet 2010 : 

" Nous déclarons qu'aucune règle interdisant les déclarations unilatérales d'indépendance n'existe en droit international. Nous déclarons que lorsqu'il y a une contradiction entre la légalité constitutionnelle d'un état, et la volonté démocratique, cette seconde prévaut, et nous déclarons que, dans une société démocratique, contrairement à une dictature, ce n'est pas la loi qui détermine la volonté des citoyens, mais c'est elle qui crée et modifie la légalité en vigueur ".

Courrier de lecteur dans les DNA: http://www.dna.fr/politique/2017/10/07/jour-de-deuil-pour-la-democratie-en-espagne