Retoquage de la loi Molac (21.5.2021) : La saisine, un coup monté !
C'était à prévoir : le Conseil constitutionnel à retoqué l'article sur "l'enseignement immersif", le plus important, de la loi Molac en invoquant l'article 2 de la constitution qui stipule que "le français est la langue de la République"!
Et voilà comment, cette simple phrase a permis de balayer d'un revers de manche cette belle avancée vers "l'enseignement immersif" dont dépend pourtant la survie de notre langue. Rappelons que cet article fut introduit dans la constitution le 12.5.1992, officiellement pour lutter contre l'anglais, en réalité pour être utilisée pour combattre les langues régionales, comme on le voit ici.
Ce nouveau pas en arrière, nous le devons au gouvernement récalcitrant à l’enseignement des langues régionales et qui n'a pas caché son opposition à ce projet dès le départ ! Parions que dès l'origine la stratégie du Président et du ministre Blanquer était de déférer au Conseil constitutionnel un article anodin pour qu'il supprime l'immersion. Ainsi, dans un proche avenir les financements publics des écoles immersives sous contrat d'association seront probablement déférés aux tribunaux administratifs qui les annuleront.
Voilà 30 ans que le Conseil constitutionnel invoque régulièrement l’article 2 pour faire barrage aux langues régionales agonisantes victimes d'une implacable politique de constriction. Il apporte ainsi la preuve que la France est bien une « dictature linguistique » qui inscrit la discrimination linguistique jusque dans sa constitution.
Ce retoquage est ainsi une nouvelle preuve administrée du mépris porté aux minorités linguistiques de l’Hexagone, mais aussi de l’intolérance qui gangrène ce pays dès lors qu’il est question du respect des langues régionales.
On le voit, les Alsaciens n’ont rien à attendre de la Jacobinie. Pour nous en sortir, nous devrons prendre en mains nous-mêmes notre avenir linguistique et ne plus nous en remettre à Paris pour nous autoriser à sauver notre langue moribonde : quand une personne se noie, on ne demande pas l'autorisation à la gendarmerie pour la sauver !
La seule solution demeure la revendication d'un statut d'autonomie. Il n'y en a pas d'autre ! On en revient toujours au même : sans autonomie, l'Alsace continuera à péricliter et sa langue avec elle.
Bernard Wittmann 22.5.2021
Logo bretzel A-Cœur : histoire d’une embrouille
Pendant les grandes manifestations contre la fusion (2014-2015-2016), notre drapeau rot un wiss, couleurs historiques emblématiques de l’Alsace, flottait en maître absolu au-dessus de tous les cortèges avec parfois, de-ci de-là, un blason représentant les Landgraviats de Haute et Basse Alsace. Le bretzel A-Cœur était alors absolument inexistant !
1/ Manifestation contre la fusion à Colmar. Klinkert au premier rang devant les rot un wiss (Photo L’Alsace).
2/ Manifestation du 11.10.2014 à Strasbourg pl. de Bordeaux. Aucun bretzel à l’horizon !
Le Rot un Wiss, étendard historique de l’Alsace, s’imposait donc tout naturellement à la CeA comme marqueur identitaire. Or, voilà qu’en septembre 2020, le couple Klinkert/Bierry sort subitement de son chapeau un autre marqueur : le bretzel A-Coeur, lancé en 2010 dans une démarche marketing pour doter l’Alsace d’un logo commercial afin de promouvoir ses produits et son tourisme. Rien à voir avec un étendard.
Une « consultation » est alors organisée via internet : comme marqueur identitaire de l’Alsace, le choix est alors offert aux Alsaciens entre le logo commercial bretzel et nos deux marqueurs historiques : le blason et le Rot un Wiss. Qui a décidé du choix de ces 3 emblèmes ? Mystère. De toute façon, les dés sont pipés : la consultation est organisée dans la plus grande opacité, sans aucune sécurité ou débat préalable pour fixer les enjeux. Une vraie tartuferie !
A l’issue de ce bidouillage digne d’une république bananière, le 3 novembre 2020, les résultats portant sur les 58 000 votants sont publiés : à la surprise générale, le bretzel arrive en tête avec 43% des voix, 57% s’étant répartis entre le blason et le rot un wiss. Malgré le stratagème déployé, le bretzel n’a donc pas obtenu la majorité absolue ! Qu’importe, c’est lui que le couple retiendra… puisque c’était décidé par avance : 25 000 suffrages, sur 1,9 millions d’habitants, soit 1,32% de la population, suffiront pour lui donner un voile de légitimité. « Le peuple a choisi ! », proclame hypocritement et triomphalement le couple bidépartemental !
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Parution récente
Auteur : Bernard Wittmann - Préface : Jean Faivre - Éditions Yoran Embanner
160 p. - Prix : 11€ + 4€ de port. ISBN : 978-2-36747-079-5
Commande chez l'éditeur : Yoran Embanner 71 hent Mespiolet 29170 Fouesnant
Site : yoran-embanner.com Courriel :
En vente dans les librairies, maisons de presse, grandes surfaces.
Karl ROOS, un autre Dreyfus alsacien ?
Cet ouvrage retrace l’histoire tragique et le parcours politique de cette figure charismatique et brillante de la résistance alsacienne à l’assimilation, durant l’entre-deux-guerres, sacrifiée à une absurde raison d’État.
Que n’a-t-on écrit de contrevérités sur Karl Roos et sa condamnation à mort pour « espionnage », le 26 octobre 1939, par un tribunal militaire siégeant à huis clos : une monstrueuse parodie de procès marquant la collusion entre le gouvernement, la justice et l’armée ! D’ailleurs, le tribunal ne put jamais prouver que Roos avait espionné : « Les Français n’avaient pas la preuve de sa culpabilité », explique Bernard Vogler (1). Pour l’historien Lothar Kettenacker, il n’y a pas de doute, il s’agit d’« un crime judiciaire » (2)! Idem pour l'historien François Waag qui, dans son « Histoire d'Alsace » (éd. Yoran - 2013, p.215), écrit : « il s'agit de l'un des procès politiques les plus iniques de l'histoire de France ».
Jusqu’au poteau d’exécution, l’accusé n’a cessé de clamer son innocence. Ce qui n’empêcha point la presse nationaliste de déverser sur cette figure emblématique du mouvement autonomiste de l’entre-deux-guerres, des tombereaux d’injures et d’accusations plus mensongères les unes que les autres. Il est vrai qu'en prônant la paix et la compréhension entre les peuples allemands et français, pour que l'Alsace puisse jouer son rôle de pont entre l'Allemagne et la France, il avait contrarié la politique des partisans de la guerre qui le lui firent payer.
Après la dernière guerre, le nationalisme revanchard, l’antigermanisme et l’autonomistophobie qui régnaient alors dans le pays empêchaient toute recherche de la vérité. Son nom même était livré à la damnation mémorielle : le prononcer suffisait à déclencher l’ire des officines nationalistes. Comme un postulat, il n’était pas nécessaire d’établir sa culpabilité, étant entendu qu’elle devait être définitivement admise sans même qu’il fût nécessaire d’apporter de preuves : Karl Roos, le germanophile retors, le mauvais français, l’ignoble traître chargé de tous les maux de la terre, est coupable… coupable parce que fusillé !
La désinformation continua ainsi son chemin jusqu’à nos jours (3). Dans cet exercice, notons que la palme de l’outrance revient incontestablement à wikipedia qui reprend vicieusement les bobards d’un roman, une œuvre de pure fiction parue il y a quelques années, en les présentant comme étant la vérité historique du cas Roos. Un pitoyable canular !
Aussi, après 80 ans d’affabulations, il semble moralement impérieux à l’auteur d’essayer de donner à la vérité une chance d’apparaître.
Mais pour traiter équitablement de l’« affaire Roos », l’étude du dossier de la procédure de Nancy, qui a conduit le tribunal militaire à le condamner à mort, est indispensable. Malheureusement, tous les actes de ce dossier, qui auraient pu servir à le disculper, ont curieusement « disparu » de toutes les archives !
Par une démarche rationnelle fondée sur des documents souvent inédits - pièces éparses de l’instruction de 1939/1940, comptes rendus d’enquêtes, rapports d’auditions (4), lettres, documents d’archives allemands et suisses - l’auteur ambitionne d’éclairer cette affaire dans toute sa vérité, pour enfin en finir avec la fiction et le mensonge.
B.W.
(1) Interview de B. Vogler dans le mensuel Rot un Wiss n°230, février 1997, p.5.
(2)Lothar Kettenacker, Nationalsozialistische Volkstumspolitik im Elsass, 1973, p.32.
(3) Encore récemment, dans un article de Sud Ouest européen (n°48/2019) titré "Vers une nouvelle forme de régionalisation en France - Le cas de la CeA", l'auteur Olivier Vergne note que, durant la guerre, "Karl Roos a choisi la voie de la collaboration" (https://journals.openedition.org/soe/5820). Or, Karl Roos ayant été arrêté début février 1939 et fusillé le 7 février 1940, il ne pouvait donc pas avoir collaboré.
(4) Dans les procès-verbaux d’interrogatoires se rapportant au procès de Jean-Pierre Mourer de 1946/1947, figurent quantité de témoignages intéressants concernant « l’affaire Roos ».
Collectivité européenne d’Alsace : juste un grand département !
Flash back
Le 25.11.2014, sur une proposition du gouvernement socialiste, les députés français adoptent la carte administrative française à 13 Régions. La loi nᵒ 2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République, également connue en tant que Loi NOTRe, viendra compléter le dispositif. L’Alsace est fusionnée de force avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne et se retrouve ainsi tout simplement rayée de la carte des Régions ! Ce mariage forcé s’apparente à un viol ! A nouveau Paris administre la preuve du mépris dans lequel sont tenus les Alsaciens !
Menée sur un coin de table, cette réforme totalement anti-démocratique fut élaborée et décidée à Paris sans aucune concertation des Alsaciens et en parfaite violation du Code général des collectivités locales et de la Charte européenne de l’autonomie locale[1]… pourtant ratifiée par la France. Vouloir gouverner des peuples sans leur consentement est bien la marque du totalitarisme.
Les jacobins français en rêvaient depuis des lustres, le Président socialiste François Hollande et son Premier ministre Valls l’ont finalement réalisé : tuer l’Alsace en tant que Région ! D’ailleurs, dès le 14.10.2014, Manuel Valls n’a-t-il pas affirmé devant l’Assemblée qu’« il n’existe pas de peuple alsacien » ! Trois jours plus tôt, le 11.10.2014, dans une marée de Rot un Wiss, 15 000 à 20 000 Alsaciens, avaient pourtant manifesté à Strasbourg leur hostilité à la fusion programmée (Libération en ligne 11.10.2014) ! Le chef d’orchestre de cette manifestation de protestation n’était autre que le président de Région Philippe Richert !
Alors que la réforme territoriale n'est encore qu'à l’état de projet, les manifestations d’hostilité à la fusion se succèdent. Le 20.7.2014, quelques jours après le débat et le vote de l'Assemblée nationale, en première lecture, pour la création de treize régions en France, dont Champagne-Ardenne-Lorraine-Alsace, le maire de Mulhouse Jean Rottner lance une pétition - elle recueille plus de 60 000 signatures - pour une Région Alsace seule : « Une Région allant de la région parisienne au Rhin, c’est inconséquent, incohérent et inefficace », affirme-t-il alors (L’Alsace du 20.7.2014). De leur côté, les élus de la « majorité alsacienne » protestent eux aussi, certes (très) mollement comme à leur habitude. En septembre 2014, ils déposent à l’Élysée une pétition de 53 000 signatures en posant devant une banderole avec cette supplique adressée au gouvernement : « NE TUEZ PAS L’ALSACE !» (Tout juste s’ils n’ont ajouté « s’il vous plaît ! »). Seuls les socialistes alsaciens, connus pour leurs options jacobines, continuent à soutenir mordicus le projet fou du Grand Est. Une méga-Région deux fois grande comme la Belgique, dépourvue de liants historiques, sans âme, ni intérêt économique et culturel, tellement désincarnée qu’on n’a d’autre solution que de la baptiser du nom d’un point cardinal… comme si Paris était le centre du monde !On vient d’ailleurs d’apprendre que le président Rottner veut préparer la construction d’une identité grandestienne en prévoyant à cet effet un budget de 580 000 € HT : il s’agit de « construire le fait régional et écrire un récit commun faisant sens auprès des habitants et des partenaires de la collectivité» explique-t-il (DNA 18.7.2019)…comme si une identité, qui s’inscrit toujours dans l’histoire longue des peuples, pouvait se construire à partir d’un simple budget, aussi conséquent soit-il !
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UNE AUTRE CATHEDRALE QUI BRÛLE EN ALSACE
Notre-Dame de Paris gravement endommagée par un incendie ! Toute la France est en deuil. Des séances de prières sont organisées aux abords de l’édifice. Comme à l’unisson les Parisiens pleurent leur cathédrale, ce qui peut se comprendre car on ne peut évidemment qu’être touché par ce désastre architectural frappant un édifice vieux de 800 ans. L’émoi est donc grand. « C’est la mère des cathédrales », s’est écrié l’abbé Grosjean du diocèse de Versailles, non sans exagération ! Cet incendie est un « drame national », une « blessure à notre histoire », un « coup porté au cœur des Français »… entend-on dire à la télé. Et la surenchère continue !! Quant aux chaînes info, comme à leur habitude, elles surfent sur l’émotionnel pour maintenir le saisissement.
Du coup, immédiatement, l’argent pour la reconstruction de la charpente et du toit s’est mis à couler à flot : en deux jours, près d’un milliard récolté (sommes défiscalisables) !!! « Nous rebâtirons Notre-Dame parce que c'est ce que les Français attendent, parce que c'est ce que notre histoire mérite, parce que c'est notre destin profond (…) c'est notre histoire, notre littérature, notre imaginaire, le lieu où nous avons vécu tous nos grands moments », a dit Emmanuel Macron le soir de l’incendie. Et déjà ce matin, il annonce que tout sera reconstruit d’ici 5 ans ! Ouf, toute la France respire à nouveau !!
Mais en Alsace, il y a une autre cathédrale qui brûle et se consume doucement depuis des décennies, abandonnée à son triste sort par les mêmes qui pleurent aujourd’hui sur Notre-Dame. Celle-ci est privée de pompiers pour éteindre les flammes pour la sauver et se désintègre lentement sous nos yeux dans l’indifférence de nos gouvernants. C’est une cathédrale « immatérielle », une cathédrale de la spiritualité, de l’esprit, de l’histoire et de la culture alsaciennes. C’est une cathédrale deux fois millénaire : il s’agit de notre langue livrée aux flammes par une idéologie politique mortifère qui veut la réduire en cendres. Et cette cathédrale-là, qui nous appartient en propre, celle sur laquelle personne ne pleure, elle ne pourra plus être reconstruite. Sans mobilisation pour la sauver, la perte sera définitive ! Alors, ce matin, j’ai pris la décision d’envoyer un chèque au FILAL !
Bernard Wittmann (17.4.2019)