Mystérieuses disparitions 

Il faudrait quand même qu’un jour soit dévoilée au grand jour une pratique assez constante en Alsace qui consiste à faire disparaître des documents, des monuments et autres témoignages de notre passé, dès lors qu’ils contredisent le roman national ou écornent par trop l’image de la France grande et généreuse.

Pour en avoir un petit aperçu, ci-après quelques-unes de ces curieuses « disparitions »:

- Comment se fait-il que les délibérations du Magistrat de la « Freie Reichsstadt Strassburg » à la veille de la capitulation de la ville (30.9.1681) aient disparu. « Après avoir fiévreusement délibéré toute la nuit, les membres du Conseil, les échevins et les bourgeois, réalistes, décident de capituler. La séance de délibération est extrêmement pathétique : certains pleurent, d’autres écument de rage et jurent contre les Français, et le désespoir est général ». Ce qui s’y dit fut consigné dans les registres. Mais en 1981, l’archiviste municipal de Strasbourg, Georges Foessel, révèle que les registres des délibérations du Magistrat de l’année 1681 n’existent plus, ils ont disparu[1]! « Ils ont été délibérément brûlés afin d’en garder le secret. »[2] Peut-être craignait-on que ce qui y était dit ne fasse tache dans l’histoire officielle de l’Alsace francophile ? Et, subsidiairement, que sont devenues toutes les armoiries de la Freie Reichsstadt Strassburg qui, encore au XVIIIe s., fleurissaient sur les façades des bâtiments publics ?  

-  Où sont passés les dossiers des milliers de civils alsaciens-lorrains arrêtés et pris en otages en 1914 lors des premières incursions françaises en Alsace. Ils furent transportés dans des wagons à bestiaux et détenus durant des années dans des camps de concentration en France où ils subirent brimades et mauvais traitements ? Cette disparition de la plupart des dossiers rendra ensuite impossible une indemnisation des victimes.

-  Où sont passées les listes exhaustives d’Allemands et d’Alsaciens-Lorrains de souche expulsés après le 11 novembre 1918 ? Probablement faut-il y voir une tentative dérisoire d’effacer des mémoires alsaciennes les traces de l’abominable nettoyage ethnique perpétré par la France et qui entachera à jamais son histoire.

- Où ont bien pu passer les dizaines de milliers de dossiers des « Commissions de triage », fers de lance de l’épuration ethnique de 1918-1922, notamment ceux du Haut-Rhin ? On prétendra à Colmar qu’ils ont malencontreusement brûlé. Là encore, ces disparitions rendirent impossible une indemnisation des victimes.

-   Où est passé le dossier de la procédure judiciaire devant le tribunal militaire de Nancy ayant conduit à la condamnation à mort puis à l’exécution, le 7.2.1939, du Dr Karl Roos ? Il n’en existe plus trace nulle part. Il aurait pourtant permis de dévoiler au grand jour toutes les irrégularités qui entachèrent son procès et sans doute de le disculper ?

-  En juin 1940, les restes du Dr Karl Roos furent déposés dans un sarcophage placé dans la chapelle du Friendensturm de la Hünenburg pour y rester en paix. Mais en novembre 1944, le sarcophage fut précipité par les FFI du haut du Friedensturm dans le ravin en contrebas. Par la suite, on retrouva bien les morceaux du sarcophage en grès… mais on ne trouva trace des restes de celui qui incarnait pour beaucoup la résistance alsacienne à l’assimilation. A ce jour, personne ne sait où la dépouille du supplicié Karl Roos est enterrée : volatilisée[3] ?

-  Plus récemment, voilà qu’on apprend par un courrier officiel de la SNCF[4] (voir ci-après) que les deux grandes fresques peintes en 1885 par le peintre Hermann Knackfuss (1848-1915) et qui ornaient le hall d’entrée central de la gare de Strasbourg… n’existent tout simplement plus ! Probablement se sont-elles envolées ? Une explication à cette disparition semble venir des scènes peintes par l’artiste montrant, d’une part, la venue de Guillaume 1er à la forteresse de Hausbergen le 3 mai 1877 et, d’autre part, la translation des joyaux de la couronne dans la Kaiserpfalz de Haguenau en 1164 par l’empereur Friedrich Barbarossa. Elles faisaient ainsi un parallèle entre le Saint-Empire et le nouvel empire wilhelmien[5]. Cachez cet affreux passé germanique et ce Reichsland honnis que nous ne saurions voir !

 

Fresque mettant en scène l’empereur Friedrich Barbarossa

 

Fresque mettant en scène l’empereur Wilhelm / Guillaume Ier

 

Lettre du 20.10.2017 de la directrice de l’Agence Gares Est Européen

  

Et puis, on signale aussi la disparition de la langue historique de l'Alsace sous ses deux formes : Elsasserditsch und Schriftdeutsch… et celle, imminente, des panneaux "Région Alsace" consécutivement à une autre disparition : celle de la "Région Alsace". Mais ça, c’est encore une autre histoire !

Bien entendu, cette liste n’est pas exhaustive, il existe de nombreux autres exemples.

 

Bernard Wittmann – Historien 1.11.2017 


[1] Rot un Wiss, n° 61, juillet/août 1981.

[2] B.Wittmann, Une histoire de l’Alsace, autrement, éd. Rhyn un Mosel, 1999, T.1, p.108

[3] Probablement ne voulait-on pas que sa tombe puisse jamais devenir un lieu de pèlerinage... même ses restes devaient disparaître.

[4] Lettre du 20.10.2017 de la directrice de l’Agence Gares Est Européen, Mme Béatrice Leloup, à la présidente d’Unser Land Andrée Munchenbach.

[5] Une copie des fresques (lithographies) se trouve au Musée Historique de Strasbourg. Elles furent exposées aux Archives de la Ville dans le cadre de l'exposition "quand Strasbourg recevait Rois et Princesses".

 

Rot un Wiss : le drapeau historique de l’Alsace

 

 

« Il ne peut y avoir de pays sans drapeau. » [1] - Michel Pastoureau- historien.

Les couleurs rouge et blanc associées sont enracinées dans la longue histoire de l’Alsace. Elles sont le plus ancien marqueur d’identification de l’Alsace puisqu’elles remontent au tréfonds de notre histoire médiévale. En effet, dès le XIe s., l’armée du premier duc de Lorraine, Gerhard d’Alsace (1024-1070), un descendant du duc Etichon-Athic d’Alsace d’après l’historien J.-Daniel Schöpflin, arborait les deux bannières rouges et blanches. Ces deux couleurs figurent également dans les armoiries du Nordgau, utilisées à partir de 1262 par le Landgraf issu des comtes de Werd.

Elles figurent de même dans les armoiries des plus grandes familles nobles alsaciennes comme les Andlau, les Geroldseck, les Ochsenstein, les Rappolstein, les Lichtenberg, les Wangen, les Wasigenstein… On les retrouve également dans les armes des évêques de Strassburg[2] ou dans celle des Habsburg, d’origine alsacienne.

Armoiries des princes-évêques de Strasbourg

Couleurs alémaniques traditionnelles, elles se retrouvent dans la plupart des armoiries de nos villes : Mülhausen, Ensisheim, Gebweiler, Schlettstadt, Münster, Türkheim, Rappoltsweiler, Weissenburg, Zabern… sans oublier la "Freie Reichsstadt Strassburg". La forte récurrence des couleurs rouge et blanc dans les armoiries de nos villes témoigne de leur proximité avec le Saint Empire romain germanique : ces deux couleurs se trouvaient tant sur la bannière impériale, « die Reichsbanner », (1200 à 1350, croix blanche sur fond rouge[3]) que sur la « Blutfahne », aussi appelée « Blutbann », utilisée du XIe s. au XVIIe s. pour représenter le pouvoir de haute justice, c’est-à-dire le droit de vie et de mort d’un souverain ou d’un seigneur sur ses sujets.

Reichsbanner (1200 – v. 1350) 

   

Die Blutfahne  (http://www.flaggenlexikon.de/f1rblutf.htm) 

Dans la Freie Reichsstadt Strassburg, quand venait le Schwörtag, créé en 1334, c’est encore sur l’étendard rot un wiss que chaque année les bourgeois prêtaient leur serment de fidélité à la Constitution. Cette institution se perpétuera jusqu’en 1790.

A la fin du XVe s. et au début du XVIe, ces deux couleurs sont reprises par les paysans en révolte du Bundschuh : sur une gravure de 1522 un paysan armé à la manière des lansquenets déploie une bannière rouge et blanc sur laquelle flamboie le cri de l’insurrection : « Freyheit ». 

Au XVIIe s., dans ses « Mémoires de deux voyages et séjours en Alsace (1674/76 & 1681) »publiés en 1684 et 1886, le sieur J. de l’Hermine (Lazare de la Salle), un agent français envoyé en mission en 1674 dans une Alsace en ruine encore meurtrie par la guerre, raconte avoir assisté à une messe en l’église d’Altkirch pavoisée de bannières rouge et blanc : « Je trouvai aussi notre petite ville d’Altkirch toute changée depuis la paix, l’église étoit reblanchie du haut en bas et ornée de compartiments de peintures en guirlandes et en festons de feuilles de laurier et de fruits, les autels étoient peints et dorés de nouveau, le chœur et la nef brilloient de vingt bannières de taffetas rouge et blanc à l’allemande, attachées le long des deux murs. »

Les couleurs rouge et blanc associées continueront d’être utilisées sous la royauté comme une réminiscence nostalgique des anciennes libertés d’empire. Dans les dessins de Hansi se rapportant à la visite de Charles X en Basse-Alsace en 1828, dans les villages pavoisés traversés par le roi, à côté des trois fleurs de Lys, symbole de la royauté, flotte aux fenêtres et sur le clocher de l’église, le Rot un Wiss.

 

Symbole de la volonté d’émancipation des Alsaciens sous le Reichsland.

Nos deux couleurs, qui n’ont jamais quitté les cœurs alsaciens, auront ainsi traversé les siècles. Cependant, tant que durera le morcellement politique de l’Alsace, elles ne seront jamais consacrées officiellement comme son emblème unitaire. 

Mais lorsque le traité de Francfort (10.5.1871) consacre la cession de l’Alsace-Moselle au Reich allemand, les couleurs rot un wiss jaillissent avec une vigueur nouvelle. Face à l’emblème impérial allemand noir-blanc-rouge qu’on veut leur imposer, les Alsaciens, qui ne se reconnaissent pas dans ces couleurs, marquent alors leur singularité en arborant leurs couleurs ancestrales rot un wiss. Strassburg donne le signal en adoptant un drapeau juxtaposant deux bandes horizontales : rouge (en haut) et blanc.

Ci-dessus le drapeau Rot un Wiss de "l'Union Alsacienne de New York" (fondée le 19.2.1871) aujourd'hui exposé au Musée Alsacien de Strasbourg. Au centre est brodée le slogan : "L'Alsace aux Alsaciens" (par la suite, on rajouta en plus petit : "Pour la France").

 

Le drapeau Rot un Wiss fleurit à travers tout le pays. On le retrouve partout, aussi bien dans les dessins de Hansi ou de Zislin que sur des peintures de Charles Spindler, Paul Kauffmann et tant d’autres.  

1/ Charles Spindler : Alsacienne bas-rhinoise au drapeau  

2/ Henri Zislin - Aquarelle 1910 : "Unseri Farwe sin rot un wiss".

3/ Hansi : réception de Charles X dans un village du Bas-Rhin

Aquarelle de Paul Kaufmann

 

Jour d'élections durant le Reichsland

 

Les poètes alsaciens comme les frères Mathis, Gustave Stoskopf (D’r verbotte Fahne -1904), René Schickele… vont contribuer à le mythifier. A plusieurs reprises, les autorités allemandes tentent de l’interdire. En vain. Pour finir, il s’impose comme la bannière, non reconnue, du Reichsland. Il devient le symbole de la volonté émancipatrice de l’Alsace et des libertés à reconquérir ! Restait à l’officialiser.

 

Carte de voeux de 1903 : dans la locomotive et les wagons des enfants agitent des Rot un Wiss

 

La constitution de 1911, qui fait du Reichsland un Etat en devenir, en fournit l’occasion. Dans l’euphorie de la victoire de l’autonomie, Emile Woerth (1870-1926) compose la même année l’Elsässisches Fahnenlied, qui exalte nos couleurs  et qui sera adopté comme l’hymne national du pays : « Weiss und Rot : Die Fahne seh’n wir schweben ! Bis zum Tod, Ihr treu ergeben ! »

 

La question du drapeau officiel est débattue au Landtag (diète)

Entre 1912 et 1913, la question du drapeau est débattue au sein des diverses factions du Landtag. Très vite un consensus en faveur du Rot un Wiss se dégage. Le 12 mai 1912, devant le Landtag et au nom du puissant Zentrum, le chanoine Muller demande un drapeau officiel pour l’Alsace « qui pourrait être l’emblème de notre particularisme et de notre autonomie » « Was es zum Teil durch unsere Konstitution erreicht und zum Teil noch zu erreichen hofft : « ein Wahrzeichen unserer Eigenheit und unserer Selbständigkeit. »

Ce sentiment est partagé par le chef du parti libéral Georges Wolf. Idem pour les autonomistes francophiles rangés derrière l’abbé Wetterlé qui adhèrent à la démarche. Le bloc lorrain suit également ce mouvement. Quant aux socialistes, ils marquent leur préférence pour le drapeau rouge de l’internationale ouvrière mais réitèrent leurs assurances de ne pas faire obstruction et de voter le projet. Pour concilier l’opinion lorraine, on prend soin d’ajouter une croix de Lorraine jaune dans la bande rouge côté hampe. Le drapeau rot un wiss fera ainsi l’unanimité. 

 

La Commission retient à l'unanimité le Rot un Wiss avec la croix de Lorraine en jaune (Strassburger Neue Zeitung du 23.6.1912)

 

Effectivement, quelques jours plus tard, le 25 juin 1912, le Landtag d’Alsace-Lorraine adopte le drapeau rot un wiss à l’unanimité et lui confère ainsi une légitimité historique. Ce vote suivait les deux motions présentées par le Zentrum (Charles Hauss) et le parti libéral-démocrate (Georges Wolf) ainsi que les conclusion d’une commission chargée d’élaborer une proposition définitive.

Drapeau du Reichsland voté par le Landtag d’Alsace-Lorraine 

 

Mais le Kaiser se braque et refuse d’agréer le vote démocratique du parlement alsacien. Viendra la guerre ! À Berlin, on aura alors d'autres soucis...

Cependant, dans le Journal Officiel de la République Française (JORF) du 15.2.1915 p.784, la France reconnaissait l'existence des couleurs alsaciennes.

Dans le JORF du 15.2.1915 p.784.

 

Retour des jacobins français

Le retour des Français en 1918, sera marqué par une débauche de déclarations patriotiques, de discours martiaux des généraux et officiels français et de pavoisement tricolore. Le nationalisme français est alors à son apogée. Pour l’Alsace, Paris fait le choix d’une assimilation rapide. Ainsi est entreprise une vaste campagne de « débochisation » accompagnée d’une épuration ethnique impitoyable qui se soldera par l’expulsion de 130.000 à 150 000 Alt-Deutsche et « bochophiles » alsaciens-mosellans. La constitution alsacienne de 1911 est carrément ignorée. Hansi, Zislin et l’abbé Wetterlé tombent le masque et dénigrent maintenant le Rot un Wiss. Wetterlé déclare à présent qu’il est « un sérieux obstacle à la réassimilation ».

1918 : le Rot un Wiss est encore présent partout et même associé au drapeau tricolore.

 

Auréolés de la victoire, venus dans le sillage des Commissaires de la République « une et indivisible », les jacobins de retour au pays ont beau expliquer que dans un cœur « vraiment français », il ne peut y avoir de place pour deux drapeaux ou deux langues et que l’amour pour la patrie française doit être exclusif, rien n’y fait : l’ivresse tricolore des premières semaines retombée, les Alsaciens continueront de s’accrocher à leur langue, leurs particularismes et leur Rot un Wiss marqueurs de leur identité. Ainsi, en 1920, pour la venue du Président de la République à Dannemarie/Dammerkirch, la mairie est parée de grands drapeaux tricolores et rot un wiss placés côte à côte. 

Et dans les années 1920, quand les Heimatrechtler se dressent pour défendre les droits inaliénables des Alsaciens ou lors des grandes manifestations de mécontentement des Alsaciens contre l’injustice et la politique d’assimilation, le Rot un Wiss accompagne tous les rassemblements. A plusieurs reprises, la police va s’en saisir et même tenter de l’interdire. Mais au final, les Alsaciens vont gagner le bras de fer engagé avec Paris pour la reconnaissance du "droit local", glaçant ainsi d'effroi tous les jacobins du pays qui finissent par assimiler le Rot un Wiss avec la contestation alsacienne victorieuse.

En 1923, l’écrivain francophile Maurice Betz (1898-1946) publie son roman titré « Rouge et Blanc ». Quatre années plus tard, en 1927, Henri Solveen choisit d’illustrer la couverture du calendrier de l’ARC avec des bannières rot un wiss flottant au vent et ce titre « Elsass-Lothringen – Ein Kalender auf das Jahr ».

Les Alsaciens expulsés entre 1918 et 1922 emporteront avec eux sur le sol allemand le drapeau Rot un Wiss de leur Heimat perdue  

(Exposition du musée de Lörrach : " 1930 - Alsaciens sur le sol allemand ")

 

En août 1931, il devient l’emblème officiel de la « Jung Volkspartei », le grand mouvement de jeunesse de l’UPR, le parti catholique alsacien, premier parti du pays. Et dans les manifestations ouvrières, il est brandi à coté du drapeau révolutionnaire rouge ! Il devient ainsi un symbole fort de la volonté des Alsaciens d’affirmer leur dignité, leurs droits et leur identité. Il cohabitera tant bien que mal avec le drapeau tricolore jusqu’à l’orée de la dernière guerre. 

Avec l’arrivée des Nazis en 1940, qui ne sont que des jacobins bruns ennemis de la diversité et hantés par l’idée de l’Etat unitaire centralisé, l’autonomisme et le particularisme alsaciens sont bannis de la sphère publique. Aussitôt le Rot un Wiss, considéré comme séditieux, est interdit !

 

Ostracisé après 1945

Après la Libération, il n’y aura plus de place pour une quelconque affirmation régionale. Les premiers mois le Rot un Wiss refleurit néanmoins : des jeunes filles offrent des bouquets de fleurs rouges et blanches aux soldats libérateurs, au passage des troupes alliées on continue d’arborer le Rot un Wiss à côté du drapeau tricolore et lors des processions catholiques, il voisine toujours avec les flammes pontificales jaune et blanc.

 

Mais le gouvernement à Paris, craignant une résurgence de la contestation alsacienne de l’entre-deux guerres, veut en finir une fois pour toutes avec le particularisme alsacien. La tâche lui sera facilitée par l’absence en Alsace de partis régionaux et d’une presse régionaliste forte comme avant la guerre.

Aussitôt, les officines jacobines, les préfets, le rectorat, la presse patriotique aux ordres et tout ce que le pays compte de nationalistes bornés se liguent pour pousser les Alsaciens au reniement de leur identité, de leur drapeau et de leur langue, à présent décriée comme étant celle des occupants nazis ! Ils contrôlent tous les vecteurs de la communication et œuvrent de concert pour effacer des mémoires la fronde de l’entre-deux guerres qui avait vu le peuple alsacien se dresser contre la politique d’anéantissement de son identité menée par Paris.

Le matraquage idéologique des jacobins est engagé. Tous les marqueurs du particularisme alsacien sont systématiquement dénigrés, ringardisés. Beaucoup d’Alsaciens, traumatisés par la guerre, sont alors désemparés devant tant de fanatisme ! Ils vont courber l’échine… « d’Füscht im Sack ». 

Evidemment dans ce contexte de haine nationaliste - « le nationalisme, c’est la haine des autres » disait Romain Gary - il n’y a plus de place pour des symboles d’appartenance comme le Rot un Wiss qui est diabolisé et voué aux gémonies. Pire, certains malveillants y voient même un symbole nazi ! Un comble, quand on sait qu’il a été proscrit par les nazis, qu’il n’est pas souillé de sang, n’a jamais flotté sur aucun champ de bataille, ni accompagné aucune guerre coloniale ou impérialiste.  

De ce fait, les apparitions du Rot un Wiss se feront plus rares et souvent liées à des événements où s’exprime le ras-le-bol alsacien : procès d’Oradour (1953), manifestation contre le transfert du Synchrotron (1984)… Dans le nuit du 22 au 23 juin 1968, un étudiant Charles Stirnweiss hisse l’étendard Rot un Wiss sur la flèche de la cathédrale pour marquer l’exaspération des Alsaciens devant la politique de Paris. Les DNA parleront des couleurs monégasques.  

A partir des années 1970, le Rot un Wiss fera des réapparitions remarquées : en 1970, quand le Racing Club de Strasbourg remporte le championnat de France de football, le Rot un Wiss est arboré par les supporteurs[4]!!! En 1975 est fondé le périodique "Rot un Wiss" qui aura 30 années d’existence. Il est aussi présent dans les hauts lieux de la contestation écologiste (Fessenheim (1971), Marckolsheim (1974), Heiteren, Gerstheim (1977))… En 1976, à l’occasion de la venue du président Giscard d’Estaing en Alsace, il flotte au faîte de plusieurs châteaux sur les hauteurs des Vosges. Enfin, en juin 1978, on le trouve sur le stand de la fédération PSU-Alsace lors du rassemblement national du PSU à Courneuve. Des poètes comme André Weckmann ou Jean Dentinger n’hésitent pas à le remettre à l’honneur.

 

1990 : Pavillon administratif contre drapeau historique

 

1/ Blason administratif dit "juxtaposé" (1949) - 2/ Pavillon administratif dit fusionné de la région Alsace (en 2009, ce dernier est choisi comme comme identifiant pour les plaques minéralogiques)

Depuis 1945, les élus alsaciens, tétanisés par l’idée d’être traités d’autonomistes, furent d’une soumission à toute épreuve. Ainsi, c’est par lâcheté politique qu’en 1990 le Conseil régional préfère ignorer la drapeau Rot un Wiss pour lui substituer un pavillon créé de toute pièce formé d’une fusion d’armoiries qui deviendra le « drapeau institutionnel »[5] (fusion des blasons des Landgrafschaften de Haute- et Basse-Alsace : les 6 couronnes jaunes évoquent  la dynastie des Habsbourg, originaires d’Alsace et comtes du Sundgau ; la bande blanche ornée de part et d’autre de dentelles stylisées représente les Comtes de Werd, comtes du Nordgau, qui régnèrent sur le nord de la région ; le fond rouge, commun aux deux blasons, est censé marquer l’union régionale).

On peut objecter deux arguments majeurs aux promoteurs du « drapeau » administratif :

-    L’Alsace des deux Landgrafschaften auxquelles fait référence le « pavillon administratif » n’a rien à voir avec l’Alsace d’aujourd’hui... à moins de visées expansionnistes. En effet, ses limites territoriales étaient beaucoup plus étendues : au nord, elle s’étendait jusque au-delà de Landau ; au sud les territoires habsbourgeois du Sundgau s’étendaient jusqu’au Jura et comprenaient Belfort / Beffert et Delle / Dattenried.

-      Un drapeau ne peut être confondu avec une armoirie. C’est avant tout une association de couleurs, d’où l’expression : « hisser les couleurs ». 

A partir de là, tous les efforts seront déployés par les appareils administratifs de l’Etat et de la Région pour ostraciser le drapeau historique et lui substituer le « drapeau » institutionnel.

Mais cet Ersatz de «drapeau », marque de la « trahison des clercs », n’a jamais trouvé l’adhésion des Alsaciens. Alors que le Rot un Wiss ancestral vient du peuple et du tréfonds de notre histoire, ce qui lui confère une indéniable légitimité, on a voulu imposer « d’en haut » un pavillon fabriqué de toute pièce, sans aucun ancrage historique et sans écho dans l’âme du peuple. Il s’agissait de faire du neuf pour rompre avec le passé !

Pour les raisons évoquées plus haut, le pavillon de 1990 n’est donc pas substituable au drapeau historique. De plus, la région Alsace ayant été supprimée en 2015, l’emblème administratif qui s’y rattache ne correspond plus à aucune réalité. Il est donc logiquement appelé à disparaître.

 

Retour en force du Rot un Wiss

A partir de la fin des années 1990, le Rot un Wiss va reprendre des couleurs. L’Union du Peuple Alsacien, puis Unser Land, les premiers vont le réintroduire dans la sphère politique. En juillet 1999, lors de l’inauguration de plaques de rues bilingues à Blienschwiller, Adrien Zeller brandira haut le rot un wiss. 

Juillet 1999 à Blienschwiller

Adrien Zeller brandit le Rot un Wiss (photo DNA 22.7.1999)

 

Marie de Pfaffenhoffen 2007 

Quelques années plus tard, le Modem va leur emboiter le pas. Le 10.3.2010, lors des élections régionales, 4 eurodéputés du Modem – Bennhamias, Goulard, Sarnez, Rochefort - prennent la parole à la Salamandre de Strasbourg sur une tribune pavoisée de drapeaux Rot un Wiss. L’année suivante le Modem, associé à Unser Land, organise une manifestation devant l’ancien bâtiment du Landtag, aujourd’hui le TNS, pour réclamer, drapeaux Rot un Wiss au vent, la création d’un Parlement d’Alsace (référence au Landtag instauré en 1911).

 

     Meeting du MODEM du 10.3.2010 salle de la Salamandre à Strasbourg. 4 députés du MODEM devant le Rot un Wiss :                                                                                        1) Jean-Luc BENNAHMIAS (debout) 2) Marielle DE SARNEZ 3) Sylvie GOULARD 4) Robert ROCHEFORT

 

Dessin de Yann Wehrling tête de liste du Modem aux Régionales de 2010 et manifestation du Modem à Strasbourg en 2011

Des chanteurs, des poètes vont à nouveau lui rendre hommage. Plusieurs livres et des sites internet lui sont consacrés. Le Rot un Wiss apparaît avec une fréquence accrue dans les rencontres, les défilés et les actions contestataires y compris syndicales. L’Alsacienne Delphine Wespiser, miss France 2012, n’hésite pas à s’afficher avec le Rot un Wiss.

Delphine Wespiser, "Miss France", avec le Rot un Wiss

 

L'Union Alsacienne de New York, fondée en 1871, opte pour le Rot un Wiss (défilé sur la Ve Avenue)

Progressivement, à mesure que les échos du projet gouvernemental d'effacement de la Région Alsace se précisent, on le retrouve sur le fronton de certaines mairies et dans nos villes. En 2014, on le voit flotter également devant le Haut-Koenigsbourg et au fronton du bâtiment de l'ancien Landtag à Strasbourg (actuel TNS). Il réapparaît aux fenêtres des maisons et aux balcons. Dans un article d’une page, Jacques Fortier va le réhabiliter dans les DNA (7.10.2014). De son côté, Charles Haegen lui consacre un long article retraçant son histoire dans L’Ami du Peuple (9.11.2014). La volonté de vérité l’aura finalement emporté. On revient enfin à plus de sérénité !

Rot un Wiss au Haut-Koenigsbourg (2014), devant la mairie de Roeschwog et au fronton de celle de Rorschwihr (2020)

Fin 2014 début 2015, quand Paris décide de manière unilatérale de la disparition de la Région Alsace et sa fusion-dilution dans un Grand-Est désincarné sans même consulter la population, le Rot un Wiss fera un retour en force dans toutes les manifestations de protestation. Il submerge la manifestation de protestation contre la fusion organisée par Philippe Richert le 11 octobre 2014 au Wacken : des centaines voire des milliers de Rot un Wiss sont brandis au-dessus des têtes. Les mois qui suivent voient de véritables marées de Rot un Wiss déferler dans les rues de Strasbourg, Colmar et Mulhouse.  

Manifestation contre la fusion à Strasbourg le 14.3.2015

 A nouveau les Alsaciens se reconnaissaient dans le Rot un Wiss. Il a aujourd’hui supplanté le pavillon institutionnel de la défunte Région Alsace qu’on cherchait à leur imposer. La machine à décrédibiliser des jacobins s’est enrayée. En avril 2017, un sondage CSA montrait que 67% des Alsaciens demandaient que le Rot un Wiss devienne le drapeau officiel de l’Alsace si la Région Alsace était recréée.

Le Rot un Wiss est redevenu le symbole incontesté d’identification de l’Alsace. Le poids de l’histoire longue l’aura finalement emporté sur les enjeux politiques de courte vue. Venu du peuple, le Rot un Wiss revient sur le devant de la scène alsacienne. Il occupe à nouveau le haut du pavé, porté par la base populaire qui ne l’a jamais oublié… au grand dam des Jacobins ! En novembre 2020, l'entraîneur international alsacien Arsène Wenger est venu à Strasbourg dédicacer son livre au titre évocateur : "Ma vie en rouge et blanc" !

Bernard Wittmann – Historien  6.12.2020 

 

Rot un wiss flottant sur la flèche de la cathédrale de Strasbourg (10/11-11-2018)

 

2.3.2019 Place Kléber à Strasbourg : dans le cadre du "grand débat" manifestation de UL... Rot un Wiss déployé
 
Place Kléber 2.3.2019
 
 
Affiche d'octobre 2020 : Le Racing Club de Strasbourg donne l'exemple !
 
 
Brigitte Klinkert avec le Rot un Wiss
 
 
 3.8.2019 : Jean Rottner lors du départ d'une étape du Tour d'Alsace Cycliste. 
 
 
29.5.2021 : présentation à Colmar des candidats UL aux régionales. 
 
 

Défilé du 1er Mai 2023 à Strasbourg

 

Interview du 12.5.2008 de B. Wittmann et Ch. Stirnweiss qui raconte comment il a monté le Rot un Wiss sur la cathédrale en mai 68  http://unsri-heimet.blogspot.com/2008/05/

 
 
2020 : Une vidéo d'Unsri Gschicht mettant en scène le rot un wiss : https://www.youtube.com/watch?v=Mjf5RxpgOY0
 


[1] Une histoire symbolique du Moyen-Âge occidental, Seuil, 2004. (cité par Charles Haegen – Ami Hebdo 9.11.2014)

[2] La bannière rouge et blanc (inversé) de l’archevêque de Strasbourg flotte toujours sur le Mont Ste Odile.

[3] Par la suite, la bannière impériale sera formée d’un aigle bicéphale noir sur fond d’or.

[4] De 1920 à 1960, avec une interruption de 1945 à 1950, le blason du club a toujours repris le rouge et le blanc de la ville de Strasbourg. Mais en 1945, quand les dirigeants eurent à choisir les couleurs du club, ils choisirent d’ignorer le rouge et le blanc des armes de Strasbourg, leur préférant le blanc et le… bleu.  En 1967, une diagonale rouge réintègre le blason qui comportera alors les 3 couleurs du drapeau français : bleu, blanc, rouge !!

[5] Il est venu remplacer le pavillon administratif créé en 1949 - formé des deux blasons non pas fusionnés mais  accolés, en formant un chevron - et censé signifier l’union régionale. Le fond rouge étant commun aux deux blasons. Ce pavillon était lui même inspiré d’un blason créé au XVIIe s. par l’Intendance d’Alsace. Celui-ci devait marquer l’unité de la nouvelle province allemande conquise par le roi et lui permettre d’intégrer le cadre juridique de l’Allemagne impériale pour pouvoir revendiquer un droit au titre d’Empereur.

Une autre solution s’offrait pourtant aux élus du Conseil Régional pour donner une légitimité historique au drapeau administratif. C’était celle d’adopter le drapeau historique voté par notre parlement en 1912. Dans ce cas, la croix de Lorraine aurait pu être un hommage rendu aux villages lorrains du Krumme Elsass rattachés à l’Alsace en 1793.

 

 

 

11 Novembre et devoir de mémoire en Alsace

 

Plus que la fin de la « Grande Guerre », le 11 Novembre est toujours commémoré en Alsace comme un jour de délivrance, la fin du « joug allemand » et le début des « grandes retrouvailles » ! Mais on oublie volontiers que 47 ans plus tôt, pour se sauver, la France avait cédé par un traité international l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne « à perpétuité, en toute souveraineté et propriété »! 

L’Alsace fut alors « libérée », nous répète-t-on en boucle. Un grossier mensonge : en fait de « libération », les Alsaciens-Lorrains, autonomes depuis 1911, furent surtout libérés de leurs libertés. Nous avons été libérés non de l'Allemagne mais....de la GUERRE et des privations. S'il y avait eu référendum, personne ne sait ce qu'il aurait donné ! 

Après les promesses de Joffre à Thann en 1914 (« pacte de Thann »), les Alsaciens attendaient une politique de respect. Mais au lieu de cela, la France les soumit à un système colonial couplé avec un traitement punitif de « débochisation » et de mise au pas : « On nous traite plus sévèrement que les peuples des colonies », protesta le quotidien socialiste alsacien Der Republikaner (20.5.1920). En effet, le joug français pesa bientôt plus lourd que jadis la « botte prussienne » (1)!

 

-       La constitution alsacienne de 1911 est foulée au pied et l’autonomie enterrée : le peuple alsacien est dépossédé des prérogatives dont il jouissait sous le Reichsland ; 

-   Le Conseil National (Nationralrat), dépositaire de la souveraineté alsacienne-lorraine et composé de représentants issus du suffrage universel, est carrément ignoré ! 

-    Les promesses enjôleuses de respect des particularismes alsaciens des grands généraux français ne seront pas tenues ; le « pacte de Thann » de 1914 est oublié !! 

-  La chasse aux « boches » et aux « bochophiles » alsaciens-lorrains est immédiatement lancée et la délation est encouragée par les autorités ; 

-    Un filet de mouchards infiltrés dans la population est étendu à travers toute l’Alsace pour juger du degré de patriotisme et des options politiques des uns et des autres ; 

-  Une impitoyable épuration ethnique est lancée. 130 000 Alt-Deutsche et germanophiles alsaciens-lorrains sont expulsés de leur pays dans des conditions mortifiantes et sans aucune considération humanitaire ; tous leurs biens sont séquestrés : ils ne peuvent emporter que 20 à 50kg de bagages à main et 2000 marks en espèces par personne ; 

-       La population est soumise à un tri en 4 catégories suivant les origines ethniques et affublée de cartes d’identités sélectives A-B-C-D avec des règles d’apartheid ; 

-     Des « commissions de triage » sont instaurées à travers le pays pour juger et châtier les Alsaciens-Lorrains animés de sentiments germanophiles ; elles prononcent des sanctions d’une extrême dureté : expulsion en Allemagne avec séquestre des biens, internement, assignation à résidence à l’Intérieur, révocation pour les fonctionnaires… ; 

-       Une implacable politique d’éradication de l’allemand et d’assimilation culturelle et linguistique est lancée. Le français exclusif est imposé partout sans consultation des populations qui l’ignorent. La « méthode directe » faisant débuter la scolarité exclusivement en français est instaurée à l’école qui recevra pour mission première le déracinement des jeunes Alsaciens. La langue régionale est ravalée au rang de langue étrangère ; 

-    Les Alsaciens sont écartés de tout poste élevé dans leur pays. Les leviers de commande passent aux mains de Français de l’Intérieur qui, rapidement, occupent les 2/3 des postes laissés vacants par les Vieux-Allemands expulsés. Les fonctionnaires alsaciens n’ont droit qu’aux postes inférieurs : « L’Alsacien est administré par le Français de l’Intérieur, qui, à partir d’un certain niveau dans les carrières, règne seul », s’indigne le député démocrate Charles Frey (Bulletin d’Alsace-Lorraine, n°1, 1926)

 

Très vite, les joyeuses retrouvailles prennent un goût amer ! Dans L’Humanité(23.4.1919) le dirigeant socialiste Salomon Grumbach parle d’une « dictature renforcée ».Assurément, on était loin du « paradis tricolore » promis par Hansi et le Dr Bucher !

Dans ces conditions, n’y a-t-il pas une certaine indécence à parler de « libération » de l’Alsace ? Au regard des brutalités et des excès perpétrés alors par la France, peut-on fêter ce jour comme une « libération » ?

Et comment oublier que nos Feldgraue alsaciens-lorrains furent tués par des balles françaises : « Morts pour la France », nous dit-on à présent en nous expliquant le plus sérieusement du monde qu’en réalité, sous leurs uniformes feldgrau battaient des cœurs français. Leurs cœurs ont-ils été radiographiés pour valider cette affirmation saugrenue ?

 

Partant de là, en Alsace le 11 Novembre ne peut s’inscrire dans le devoir de mémoire que si l’on commémore la fin d’une sanglante tragédie européenne. Ce qui conduit à ce que les cérémonies soient organisées en l’honneur de tous les morts du conflit, y compris nos 50 000 Feldgraue alsaciens-mosellans si souvent oubliés des cérémonies en Alsace-Moselle où l’on préfère focaliser tous les honneurs sur les Poilus, leurs ennemis de la veille. 

Le nationalisme est l’unique responsable des étripailles qui endeuillèrent régulièrement toute l’Europe depuis l’ère révolutionnaire. Aussi, ne serait-il pas préférable d’en tirer leçon et de supprimer la commémoration de l’Armistice, marqueur de la victoire militaire française sur l’Allemagne dans les esprits hexagonaux toujours gangrénés par le chauvinisme cocardier et un certain antigermanisme ? Ne serait-il pas plus judicieux de remplacer les cérémonies patriotiques désuètes exaltant le nationalisme sacrificiel devant les monuments aux morts, par une cérémonie du souvenir commune à toute l’Europe pour honorer tous les morts des guerres passées ?

 

Bernard Wittmann – Historien  (6.11.2016)

 

(1) Source documentaire : B.Wittmann « Une épuration ethnique à la française – Alsace-Moselle 1928-1922 », éd. Yoran, 3e trim. 2016, 222 p. – Prix : 13€  - ISBN  9 782367 470269