L’exemple suisse
Suivant le degré de démocratie atteint par les pays, le traitement de cette question est opéré par des mécanismes institutionnels différents. Ainsi certains Etats, comme par exemple la Suisse, ont choisi la voie d’un respect rigoureux des identités de toutes les communautés linguistiques du pays en les protégeant par la loi commune et les institutions. Ainsi le pays possède quatre langues nationales dont le romanche parlé par moins de 1% de la population.
La politique suisse de respect des minorités n’est évidemment possible que par le système fédéraliste mais surtout parce que la majorité alémanique du pays, représentant 55% de la population, a fait le choix de la tolérance. Elle s’est attachée au respect de la diversité en acceptant que les différentes communautés linguistiques présentes dans les différents cantons jouissent d’une égalité de traitement. Le droit à l’autonomie et à une vie culturelle et linguistique propre est ainsi assuré à tous. Chaque canton légifère librement, gère ses propres finances, lève ses propres impôts, possède ses fonctionnaires… et jouit de toutes les libertés politiques, administratives, culturelles, sociales et économiques selon ses aspirations, en respectant toutefois les lois d’ensemble de la fédération.
Même minoritaire, chaque communauté linguistique, et derrière chaque canton, est représentée dans les différentes instances du pouvoir étatique. Il en résulte une société apaisée et harmonieuse où chacun trouve sa place dans le respect de l’autre et sans que le bon équilibre ne soit altéré par le poids du nombre de telle ou telle communauté.
L’exemple suisse nous montre que quand la majorité n’est pas oppressive, un Etat ethniquement hétérogène, avec des langues et cultures différentes, peut néanmoins former une communauté de volonté. La communauté de conscience y existe sans la communauté de langue ou de culture.