A PROPOS DU NOM DE LA MEGA-REGION 

Ne tombons pas dans le piège

Au lieu de s'occuper, avec les peu de moyens dont ils disposent, des vrais problèmes des populations, voilà que les élus de l’ACAL perdent leur temps à plancher sur le nom à donner à cette prétendue région qui n'est qu'une construction technocratique vide de toute substance historique, culturelle, économique ou géographique de nature à créer un lien. Une région purement administrative qui n’aura jamais le moindre pouvoir normatif. Aussi, ce débat est-il consternant car comment nommer quelque chose qui n’existe pas ? Ne tombons pas dans le piège tendu et traitons cette affaire de nom par l’ignorance !

Car c’est bien d’un jeu de dupe qu’il s’agit. En effet, nos politiques se rendent bien compte que la démocratie a été bafouée dans cette affaire de fusion sans consultation des populations. Alors, pour faire bonne figure, ils nous proposent maintenant de voter pour le nom de ce « bidule » dont personne ne veut : on veut nous forcer à boire un infâme breuvage que tous trouvent indigeste... mais pour que la bouteille soit plus présentable, démocratiquement parlant, on nous donne le choix de l'étiquette à coller dessus ! « C'est comme si on nous poussait dans le corbillard... mais en nous laissant le choix de sa couleur », a expliqué Andrée Munchenbach !

Reste les trois noms retenus :

Grand-Est : qu’est-ce à dire ? On est toujours à l’Est de quelque chose. La Heimat des Alsacien, c’est une terre avec une histoire millénaire qui ne peut se réduire à un simple point cardinal.

Champagne-Rhin : nos viticulteurs producteurs de vin et de crémant d’Alsace (concurrent du Champagne) vont être contents de voir gommé le nom « Alsace ».

Nouvelle Austrasie : C’est le mauvais usage de l’histoire. Nos élus alsaciens de l’ACAL, savent-ils seulement que l’Alsace n’était qu’une colonie de l’Austrasie ? En effet, jusqu’en 496, date de la victoire de Clovis sur les Alamans à Zülpich, l'Alsace faisait partie de l’Alémanie qui avait ses propres dynastes. A partir de 511 (mort de Clovis), les Francs érigèrent l’Alémanie en duché soumis à leur pouvoir. Les Alamans furent alors contraints de payer tribut aux Francs et d’accepter d’être dirigés par leurs hauts fonctionnaires sur leur sol. L’Alsace fera tout naturellement partie du duché d'Alémanie. Le territoire des Alamans était ainsi défini : sur la rive droite du Rhin du Feldberg (Forêt Noire) jusqu’au fleuve, sur la rive gauche de la limite nord de la forêt de Haguenau jusqu’aux Vosges. Les liens qui unissaient alors les Alamans d’Alsace aux Francs d’Austrasie étaient uniquement des liens de vassalité (L’Alsace était placée sous protectorat des rois francs d’Austrasie). 120 ans plus tard, naîtra le duché d’Alsace, séparé du duché d’Alémanie, qui s’affranchira de la tutelle des rois francs d’Austrasie pour former un Etat souverain. Il dura près de 110 ans ! Ainsi, ce ne sont que des liens de vassalité, impliquant un rapport de soumission, qui rendaient les Alamans d’Alsace tributaires de l’Austrasie (qui disparaîtra peu après avec la fin de la dynastie des Mérovingiens et l’avènement des Carolingiens) !! Est-ce le message d'une vassalité en devenir que les élus de l’ACAL veulent envoyer ainsi aux Alsaciens à travers cette appellation « Nouvelle Austrasie » ??

Dès lors, il apparaît que l’acronyme ACAL est parfait pour nommer quelque chose de désincarné. 

Bernard Wittmann – Strasbourg (17.3.2016)

Une seule solution : un statut particulier (DNA 26.7.2014)

Point de vue sur la réforme territoriale (DNA 19.7.2014)