Gilets jaunes : Passer à la territorialisation des revendications.

Le socle revendicatif commun à tous les gilets jaunes est à présent largement connu : pas d’augmentation des taxes sur le carburant, le gaz et l’électricité, plus de justice sociale par une meilleure répartition des ressources, salaires décents, hausse du SMIC, coup de pouce immédiat au pouvoir d’achat, référendum populaire, proportionnelle… Dans cette lutte, un nouvel axe d’opposition a émergé : les provinces et la « France périphérique » se dressent ensemble contre Paris et ses élites méprisantes coupés du peuple et du réel.

Ceci posé, il convient maintenant de passer à la deuxième étape du processus de contestation qui enfle, à savoir : la territorialisation des revendications prenant en compte la diversité des territoires et des situations locales. En effet, les spécificités revendicatives régionales doivent aussi être intégrées dans les « cahiers de doléances » qui ne manqueront pas d’être dressés pour les négociations à venir.

Le panel revendicatif de l’Alsace n’est évidemment pas le même que celui de la Bretagne ou de la Corse ! L’Alsace a des revendications particulières : institutionnelles (statut particulier), linguistiques (bilinguisme), écologiques (écotaxe, CGO), réformes structurelles... Au premier rang, car elle est existentielle, la revendication de la sortie du Grand Est demandée par 83% des Alsaciens et que seule l’organisation d’un référendum local pourra trancher démocratiquement. 

De là, l’urgente nécessité de procéder, dans chaque région, à l’élection de représentants du mouvement des gilets jaunes qui porteront les revendications propres à chaque région dans les négociations à venir avec le gouvernement. L’Alsace, région historique, devra avoir ses propres représentants. Quand cette étape de la représentation du mouvement sur une base régionale sera franchie, alors seulement la lutte pour l’instauration d’une démocratie de proximité, avec la mise en place d’un dispositif politique et institutionnel devant conduire au fédéralisme et à la fin du centralisme archaïque, antidémocratique et générateur d’injustices, pourra être engagée vraiment !

Bernard Wittmann – Historien (5.12.2018)

Traduction en langue française du texte paru au journal:

Europäisches Journal für Minderheitenfragen

European Journal of Minority Studies

Volume 11, No 3-4 2018.

>> Le texte complet en langure allemande est donnée dans le PDF en annexe. <<

 

C’est un fait : la plupart des Etats à travers le monde sont ethniquement hétérogènes du fait de l’histoire ou de frontières mal dessinées. Plus récemment, cette hétérogénéité a encore été accentuée par la mondialisation avec ses migrations de populations. De ce fait, la problématique des minorités se pose à de nombreux Etats, notamment en Europe, et les frictions ne sont pas rares. La Catalogne en est l’exemple le plus récent.
On peut d’ailleurs noter que la plupart des conflits à travers le monde ont pour origine des minorités se révoltant contre la discrimination dont ils sont l’objet de la part de la majorité ou contre le sort misérable qu’on leur impose.

REFORME CONSTITUTIONNELLE :

RIEN POUR NOS LANGUES (voir communiqué ci-après de R&PS) !
LA CASSE VA POUVOIR CONTINUER...

Ce pays est décidément trop désespérant, trop verrouillé, trop imprégné d'un racisme intellectuel qui l'amène à piétiner nos langues, nos droits à préserver notre identité propre, nos libertés de peuple original... et à nous piétiner tout court. Un pays livré à l'arbitraire de quelques tyraneaux endoctrinés snobant les règles du jeu démocratique, de l'équité et de la justice. L'exclusivisme francophone imposé par les textes est discriminatoire, elle constitue rien de moins qu'une violence institutionnelle, on ne le répètera jamais assez !
 
Cette "République" est aux mains d'une caste d'idéologues qui s'est arrogée le pouvoir absolu en s'appuyant sur une idéologie nationale jacobine qui agit comme une camisole de force mentale et qui empêche toute avancée sur la question des langues régionales à l'agonie.
A Paris, le prince s'est prononcé : ce sera la mort de nos langues... et nous sommes conviés à leur enterrement. Ce cynisme et ce mépris sont bien les marqueurs d'un régime autocratique !
Il s'avère à présent que Macron, comme tous les autres qui l'ont précédé à Paris, n'est qu'un nouveau "fossoyeur du patrimoine immatériel de l'Europe". Honte à la France !
 
Il est à présent clair que nous n'avons plus rien à attendre de Paris. Les Corses l'ont compris. Les élus nationalistes corses, qui pensaient pouvoir aller de l'avant forts de leur légitimité démocratique, en ont fait la douloureuse expérience : malgré l'incroyable soutien populaire et le verdict des urnes (3 députés sur 4), ils n'ont rien obtenu !!! Nix esch nix ! Pas de co-officialité, pas de statut de résident, pas de fiscalité autonome... le prince a rejeté d'un revers de manche toutes leurs revendications :"La Corse est au coeur de la République et elle doit y construire son avenir (...) Le bilinguisme ce n'est pas la co-officialité de la langue, ce n'est pas la division", a dit le monarque le 7 février à Bastia (Le Parisien 7.2.2018 (1)) ; "Il n'y a pas d'espace constitutionnel (pour ces revendications)" s'est empressé d'ajouter G. Larcher en soutien ! Alors, quand la voix du peuple n'est pas entendue, peut-on encore parler d'une démocratie ? Non et non !!
 
Et ne comptons plus sur l'Europe pour nous aider (nous l'avons vu avec l'affaire catalane). Elle est aux mains des mêmes idéologues déracinés qu'on retrouve dans le "groupe Bilderberg"(2), sans doute le plus puissant des réseaux d'influence tout dévoué à la mondialisation, à l'ultra libéralisme et à la pensée unique. On y discute des affaires du monde et le droit des peuples à l'autodétermination est leur cauchemar !
On y retrouve toute la fine fleur du libéralisme mondial : industriels, financiers, politiques, universitaires, journalistes... (2/3 viennent de l'Europe). Dans leurs rangs: Fillon, Merkel, Schaüble, Lagarde, Pécresse, Frits Bolkestein (celui de la directive si controversée)... Emanuel Macron fut repéré par le groupe et coopté !! Il a d'ailleurs assisté au dernier forum de 2017.
 
Aujourd'hui, privé d'espoir, il ne nous reste plus qu'à tirer vigoureusement la sonnette d'alarme et à nous mobiliser pour dénoncer une gouvernance de plus en plus totalitaire qui impose son dogme, nous traite par le mépris et qui ne veut rendre de compte à personne.
                                                
B.Wittmann (17.5.2018)
 
 
(1) http://www.leparisien.fr/politique/corse-macron-douche-un-a-un-les-espoirs-des-nationalistes-07-02-2018-7546842.php
(2)http://investigation.blog.lemonde.fr/2005/03/29/2005_03_bilderberg_dans